Présidentielle : Valérie Pécresse en butte au pessimisme de ses troupes – Les Échos

Aller à la rencontrer des élus LR, à vingt jours de la présidentielle, fait un peu penser au mur des Lamentations, la foi en moins. Jusque dans son équipe de campagne, les partisans de Valérie Pécresse en sont souvent réduits à prier pour que leur porte-drapeau parvienne à « limiter la casse », tant sa campagne tient lieu, selon eux, d’un « chemin de croix ». « S’il y a un miracle, elle peut accéder au second tour. Mais je fais rarement de la politique à Lourdes », soupire un LR qui figure dans l’organigramme de la campagne.
C’est parmi les députés, qui ont l’oeil rivé sur les législatives de juin, que l’inquiétude est la plus vive. Et la tentative de câlinothérapie de la candidate, devant eux la semaine dernière, n’y a rien changé. « On est tous au fond du trou », lâchent plusieurs d’entre eux. D’abord revigorés par la percée de Valérie Pécresse après sa victoire à la primaire interne, Les Républicains ont revu leurs ambitions à la baisse au fur et à mesure qu’elle a reperdu du terrain dans les sondages.
« Un vrai gâchis »
Aujourd’hui, la plupart signeraient pour une troisième place devant Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon , qui permettrait au moins de « limiter la casse ». « La campagne est malheureusement terminée. Ça ne prend pas », dit un soutien de la candidate. « C’est fini, c’est mort et c’est un vrai gâchis », se désole un autre élu. L’inquiétude est d’autant plus forte qu’ils avouent ne pas voir quelle pourrait être sa « baguette magique » ou du moins ses leviers pour se relancer.
Ce pessimisme – teinté de résignation – parmi ses troupes est un problème de plus pour la patronne de l’Ile-de-France , tant il risque de plomber sa campagne de terrain et de la pousser sur le « toboggan » . Des LR, jusque dans son équipe, évitent de s’exposer. « Si nous ne sommes pas enthousiastes, nous, les parlementaires, comment voulez-vous que ça aille plus loin ? », souffle une parlementaire. « En politique, on se bat ! Sinon, on travaille à La Poste », grince un proche, quand un autre tacle « ceux qui pensent à l’après », rêvant de « reconstruire sur les ruines fumantes de la droite ».
Depuis qu’Emmanuel Macron a présenté son programme , Valérie Pécresse hausse le ton contre le président sortant, accusé de vouloir « échapper » à son bilan. Elle continue à exposer son projet de « reconstruction de la France » (encore lundi sur la culture et sur l’Outre-Mer) et s’apprête à dévoiler les cent premiers jours de ce que serait son quinquennat. Sa garde rapprochée se raccroche aussi au fait que de nombreux Français ne s’intéressent pas encore à la campagne, que la volatilité de l’électorat est forte et que la candidate LR, avec 13 %, n’a que 5 points de retard sur Marine Le Pen dans le baromètre quotidien OpinionWay-Kéa Partners pour « Les Echos .
« Le mépris des favoris »
« Il reste trois semaines ; c’est largement faisable. On ne perd que les batailles qu’on ne mène pas », défend l’un de ses porte-parole Othman Nasrou, vice-président de la région Ile-de-France, interrogeant : « La macronie continuerait-elle de cibler Valérie Pécresse si c’était plié ? » « On a tout un peuple de droite qui ne demande qu’à y croire », renchérit le député Thibault Bazin, un de ses « orateurs » dans le Grand Est, persuadé que « beaucoup de Français ne connaissent pas encore » la candidate et son projet.
« Les gens n’aiment pas qu’on leur explique que tout est joué avant même qu’ils aient commencé à voter », veut également croire l’eurodéputé Geoffroy Didier, qui gère sa communication de campagne. Lui oppose « le mépris et la paresse des favoris », qui « va lasser et agacer », à « la combativité et la ténacité de Valérie Pécresse ». « Rester debout dans la tempête, ça finit toujours par payer. Surtout quand on porte le seul projet précis, financé et donc crédible », plaide-t-il, ciblant la candidature « inutile » du RN : « C’est la huitième fois qu’un Le Pen se présente à la présidentielle. Si les Français en avaient voulu, ça se saurait ! »
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