Présidentielle : comment Emmanuel Macron et Marine Le Pen préparent leur possible duel – Le Journal du dimanche

22h25 , le 9 avril 2022
, modifié à 23h06 , le 9 avril 2022
Les résultats ne sont pas encore connus, mais la stratégie de l’entre-deux-tours est déjà prête pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen
, donnés vainqueurs du premier tour selon les enquêtes d’intentions de vote. Le candidat de La République en marche (LREM) compte marteler que celle du Rassemblement national (RN) appartient bien à l’extrême droite, quand celle-ci entend transformer le vote du deuxième tour en référendum anti-Macron.
Le point d’orgue de cet affrontement entre « deux France qui ne s’aiment pas », selon le mot d’un conseiller mariniste, aura lieu le 20 avril, date du débat entre les finalistes. Pour ne pas revivre son humiliation de 2017, l’agenda de Marine Le Pen a été largement allégé : les deux jours précédant le rendez-vous télévisuel sont réservés à sa préparation. Pour l’instant, deux meetings sont annoncés, le 14 à Avignon (Vaucluse) et le 21 à Arras (Pas-de-Calais). Du côté d’Emmanuel Macron, le secret entoure son agenda afin de ne pas donner l’impression d’enjamber le vote du jour. D’autant que vendredi, les derniers sondages le plaçaient en première position d’une courte avance, avec 26,4 % selon notre moyenne des cinq dernières enquêtes, contre 23,7 % pour sa principale adversaire.
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« Il faut dire que Marine Le Pen est d’extrême droite, point barre », « qu’elle n’est pas seulement la mémère à chachat », répète-t-on au QG macroniste, espérant ainsi réactiver un front républicain à même d’attirer les voix des candidats éliminés. « Personne ne peut penser que ceux qui auront voté pour Valérie Pécresse vont ensuite voter Marine Le Pen », veut croire le député Éric Woerth, qui a quitté la candidate des Républicains (LR) pour Emmanuel Macron. D’où l’espoir de nouveaux ralliements — notamment venus d’une droite promise à un score à un chiffre selon les sondages. Et, du moins, d’appels à faire barrage à Le Pen. « Que fera la candidate LR ? La candidate socialiste ? Le candidat écologiste ? Est-ce que ces partis vont continuer à se diviser ou la clarté sera-t-elle au rendez-vous ? » interpelle-t-on dans l’entourage du chef de l’État.
Le RN lorgne les Insoumis
Conscients que le front républicain reste la principale entrave à leur accession au pouvoir, les stratèges de Marine Le Pen cherchent à trianguler. Dans leur viseur, ceux qui voteront aujourd’hui pour Jean-Luc Mélenchon. « Au pire, on mise sur le fait qu’ils s’abstiennent », explique un membre de l’équipe de campagne. Pour les séduire, la députée tentera de cristalliser le débat autour de la question des retraites, « un sujet simple et structurant », pose un conseiller : « Est-ce que vous voulez la retraite entre 60 et 62 ans avec Marine Le Pen, ou à 65 ans avec Emmanuel Macron ? »
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Si les lepénistes lorgnent les Insoumis, c’est aussi parce que le reste de l’échiquier politique a pour eux des airs d’impasse. La candidate RN a beau évoquer un « gouvernement d’union nationale », personne ne répond à son appel. Elle ne peut plus se tourner vers Nicolas Dupont-Aignan comme en 2017, compte tenu de son poids électoral amaigri, et de ses positions conspirationnistes sur le Covid-19 auxquelles elle ne souhaite pas être associée.
Le même danger pèse en cas de rapprochement trop voyant avec Éric Zemmour : le polémiste écaillerait le vernis de normalisation appliqué avec soin par la candidate du RN à son programme d’extrême droite. Ses stratèges préfèrent alors tabler sur « un transfert de voix naturel ». Avec un écueil toutefois : le rejet que peut inspirer Le Pen chez une partie de l’électorat de Zemmour, au profil plus bourgeois que le sien. « Chez eux, il y a un tabou, regrette un intime de la candidate. On ne vote pas Le Pen, c’est vulgaire. »
Les Marcheurs misent sur l’Europe, Poutine et la crédibilité
Les Marcheurs, de leur côté, se sont plongés dans le projet RN pour y déterrer des « incohérences » et entamer la crédibilité de la candidate. « Comment elle gouverne ? Avec qui ? Avec des élucubrations ? » fait mine de s’interroger un conseiller. Cibles privilégiées : ses propositions économiques jugées irréalisables et sa position sur l’Europe qui pourrait entraîner un Frexit de fait, avec l’effacement des règles communautaires au profit du droit national. Pas de quoi effrayer les lepénistes. « Nous allons nous retrouver avec deux candidats qui parlent de nous, se félicite un dirigeant du RN. Marine Le Pen qui présentera son projet et Emmanuel Macron qui va nous attaquer avec mépris et virulence. »
Les macronistes comptent aussi blâmer les liens de la candidate du RN avec Vladimir Poutine. Déjà, plusieurs représentants de la majorité relaient les lignes du programme lepéniste prônant « une alliance avec la Russie sur certains sujets de fond », comme « la sécurité européenne ». L’intéressée riposte en insistant sur les conséquences pour l’économie française des sanctions contre la Russie, et en mettant sur le même plan sa complaisance à l’égard de Vladimir Poutine et les relations officielles qu’entretient Emmanuel Macron avec l’autocrate russe. « Certes, ça glisse sur notre électorat populaire au premier tour, reconnaissait à la mi-mars un membre du premier cercle. Par contre, c’est quand même très emmerdant pour rassembler au second tour. »
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